1 Mai 2020
Cahors l'occitane. Ville mythique du Sud-Ouest entre Périgord, Gascogne et Rouergue. Sur le chemin de St Jacques de Compostelle, la ville et ses monuments reflètent son riche passé et ses luttes entre pouvoir des évêques et celui des riches marchands. C'est tout cela que je vous propose de découvrir avec moi en passant aussi par la splendide cathédrale saint-Etienne. Claire, notre guide nous y attend pour nous faire découvrir sa ville d'adoption.
Alors, on y va ?
Voici pour bien débuter, notre reportage vidéo:
C'est la deuxième fois que je fais la visite de Cahors avec, à chaque fois, une guide exceptionnelle.
Aujourd'hui c'est Claire qui nous attend par cet après-midi estival.
Les hirondelles chantent fort au dessus de nos têtes.
Un petit vent léger souffle sur nos visages et nous renvoie les embruns des fontaines de la place François Mitterrand où se trouve l'Office de tourisme de la ville.
La ville est belle, lumineuse et l'on s'y sent bien dès les premiers instants.
Claire nous accueille avec un sourire franc et avenant.
Elle nous invite immédiatement à la suivre dans les dédales des ruelles médiévales de la ville qui fait sûrement encore la sieste pendant que nous travaillons.
Nous faisons quelques centaines de mètres et elle s'arrête.
Devant nous un épais mur de briques dans un vaste camaïeu de rouges.
Cette vielle maison est vraisemblablement du 13ème siècle ou du 14ème . Restaurée il y a peu, les travaux ont mis à jour de belles arcades en plein cintre et des trous de boulin .
Cela devait être de par le nombre de trous une terrasse surplombant la rue, l'encorbellement. Les arcades étaient des portes et l'une d'entre elle, légèrement plus petite a réservé une surprise aux archéologues du bâti.
Au sol de ce réduit, partent des conduites qui descendent vers la rue.
Mais qu'est-ce donc ?
Tout simplement des anciennes latrines urbaines.
Plus discrètes et mieux aménagées que celles des châteaux forts, ces toilettes assez rares toutefois, ne donnaient pas sur la rue et les excréments étaient discrètement acheminés par les conduits.
Un vrai confort et surtout une délicate attention pour les piétons circulant en dessous !!
C'est tout de même mieux qu'un pot de chambre non ?
Une des maisons médiévales de Cahors avec ses petits secrets
Nous continuons notre chemin dans ces ruelles ombragées.
On se sent vraiment bien.
Nous suivons les calades des rues et nos pas nous mènent sur le parvis de la cathédrale qui semble surgir au bout de la ruelle.
Nous sommes tout d'un coup baignés de lumière !
Nous pénétrons dans le sanctuaire inscrit par l'UNESCO dans le cadre des chemins de Saint Jacques de Compostelle.
L'édifice est surprenant avec ses coupoles et ses styles architecturaux différents: roman, gothique, byzantin... C'est pratique pour celui qui veut les étudier !
Le premier évêque attesté de Cahors est Florent à la fin du 4ème siècle même si on cite régulièrement saint-Génulphe vers l'an 257.
Il y eu donc une première cathédrale pré romane. La ville fut de nombreuses fois prise et rasée, d'abord par Théodebert, fils de Chilpéric 1er en 574.
Saint Didier, proche parent de Saint Salvy d'Albi et évêque de Cahors entre 630 et 654 parle plusieurs fois dans ses écrits de la cathédrale de Cahors et des bâtiment qu'il y a fait construire.
Elle fut très certainement détruite de nouveau par les Sarrasins en 732 et en 763 par Pépin le Bref, père de Charlemagne.
L'autel majeur fut consacré le 27 juillet 1119 par le Pape Calixte II
J'adore cette cathédrale !
Partout où on regarde, on découvre des détails, de belles peintures ou de superbes fresques, de beaux retables...
J'adore aussi les coupoles byzantines édifiées à la fin du 12ème siècle ou au début du 13ème !
Sur celle que nous avons photographié, on y voit une fresque du 16ème siècle représentant le martyre du protodiacre (premier diacre dans l'histoire) et du protomartyr (premier martyr chez les chrétiens) Saint-Etienne (que l'on appelle aussi Saint Estephe, Saint Estève dans la région ou Saint Stéphane en français).
Dans la fresque de la coupole, il est entouré par 8 prophètes en répons.
La lapidation de saint-Etienne par Rembrandt en 1625. Collection privée, Musée des Beaux-Arts de Lyon
La coupole avec la lapidation de Saint Etienne dans la cathédrale de Cahors
Peintures du narthex montrant le péché originel et Adam et Eve chassé du Paradis
Lors de notre visite le 15 juillet 2019, la cathédrale célébrait les 900 ans (1119 - 2019) de la consécration de l'autel majeur par le Pape.
Pour cet anniversaire, la cathédrale exposait pour le première fois depuis de nombreuses années sa plus précieuse relique, la Sainte Coiffe.
De longs voiles immaculés pendent de la clé de voûte du Chœur et viennent encadrer le portique éphémère au sommet duquel est exposée la sainte relique.
Elle fait partie des 5 reliques de la passion du Christ reconnues par le Saint Siège.
On la dit tissée des mains même de la Vierge Marie.
Appelée pathil en hébreu, elle était traditionnellement utilisée dans le rituel d'ensevelissement juif pour couvrir la tête des morts et pour servir comme mentonnière.
On trouve la mention de ce linge dans l'évangile de Jean: Simon Pierre entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
Plusieurs hypothèses sont émises quant à l'arrivée de la relique à Cahors parmi lesquelles:
- Charlemagne l'ayant reçu du Calife de Jérusalem ou de l'Impératrice de Constantinople l'offre à Aymatus, évêque de Cahors vers 803.
- Géraud de Cardaillac l'aurait ramenée à son retour de la Croisade entre 1109 et 1113
L'atmosphère est toute autre.
La pénombre des bas-côtés du Chœur tranche avec la lumière de la sainte Coiffe.
Les gens se recueillent sur les bancs tout autour.
Certains viennent chercher un bout de papier mis à disposition pour y inscrire une intention de prière, une supplique, une demande de guérison.
Cela me touche au plus profond.
Je suis assez ému de me trouver là.
Moi aussi, il me faut faire de même. J'en ai besoin.
J'inscris donc ma demande de guérison sur un petit carré de papier et c'est le cœur battant la chamade que je me tiens, recueilli, sous la Sainte Coiffe quelques secondes.
Je ferme les yeux, le temps s'arrête, je n'entend plus rien...
Nous sortons par une porte latérale et nous voici dans le cloître.
Ce n'est probablement plus le cloître dont parle Saint Didier au 7ème siècle. Lui aussi fut reconstruit au 13ème puis au 16ème siècle avec ce style flamboyant.
Un des évêques de Cahors ne fut autre que le Cardinal Alexandre Farnèse, neveu du Pape Paul III entre 1554 et 1557.
Ce cloître non terminé est toutefois splendide et respire la quiétude !!
Le cloître de la cathédrale de Cahors
Là, Claire me montre la seule statue sculptée du cloître: La Vierge de l'Annonciation.
Toute en finesse, elle montre quelques mèches de ses cheveux, et a ses deux mains levées. Elle prononce ce que l'on appelle en latin le Fiat, le "j'accepte, je conçoit".
Son manteau découvre sa poitrine et son ventre pour bien stipuler le futur enfantement.
Elle est vraiment gracieuse.
Tout autour d'elle une frise sculptée elle aussi. En s’approchant, un petit peu, on distingue bien dans les feuillage des petits putti (dans petits angelots) dont un certain nombre nous montre leurs fesses !!
Ça me fait sourire de voir cette malice des sculpteurs.
La statue de la Vierge dans le cloître de la cathédrale et les poutti qui l'entourent
Claire connait tous les secrets de Cahors, et en plus, elle en a les clés !!
Elle nous convie à la suivre par une porte du cloître qu'elle déverrouille pour rejoindre l'Eden.
Bien entendu, nous la suivons et après avoir traversé une petit passage couvert, avoir ouvert une autre grille fermée elle aussi à clé, nous voici dans un splendide jardin !
Classé "Jardin Remarquable" il fait parti du sentier mis en place par l'office de tourisme pour aller découvrir 24 jardins secrets de Cahors.
C'est merveilleux !
Le courtil des moines de la cathédrale
Autour de ce paradis (jardin clos étymologiquement) se trouve un magnifique hôtel particulier.
Même si le temps a fait quelques ravages sur les pierres sculptées, cette demeure a gardé toute sa noblesse ! Vous ne trouvez pas ?
Façade renaissance devant le courtil des moines
Des belles maisons, des belles façades, Cahors n'en manque pas, on ne sait où regarder, ou que prendre en photo.
Nous voyons durant notre balade de belles portes, passons nos têtes quand certaines sont ouvertes pour observer des très jolies cours intérieures
Ci et là des détails nous interpellent, certains un peu grivois....
Mais qu'est-ce que nous aimons cette ville !
Façades, détails burlesques, portes et patios font le charme de Cahors
C'est devant une belle façade d'une grande maison bourgeoise que Claire nous explique la rivalité entre les marchands, les cahorsins, et les évêques de Cahors durant tout le Moyen-âge.
Avec le commerce de la garance tinctoriale, des épices, des étoffes, le vin (bien entendu) les marchands devinrent riches, très riches même.
Cahors fut une ville marchande très prospère, où les marchés sont toujours foisonnants de nos jours
Les heures passent et défilent très vite, trop vite.
Il nous faut vraiment aller voir le monument emblématique de Cahors:
Le pont Valentré !
Sur le pont Valentré
C'est l'un, si ce n'est l'unique des rares ponts médiévaux fortifiés, parfait exemple de l'architecture militaire médiévale qu'il nous reste dans le Grand Sud. Il fait parti des ponts remarquables tout comme le Pont du Gard, le Viaduc de Millau ou le Viaduc de Garabit.
Le pont de Balandras (en occitan) fut édifié à la demande des marchands et des consuls de la ville.
Sa première pierre fut posée le 17 juin 1308 et il fut achevé en 1378.
Mais ce qui est vraiment génial est que ce pont, ne sert... à rien !!
C'est un défi lancé aux évêques par les consuls de la ville afin de leur montrer l'étendu de leurs propres pouvoirs et leur richesse.
Je trouve cela génial, sûrement mon côté un peu rebelle contre l'autoritarisme...
Et c'est au milieu du chant des cigales que Claire me raconte le pont.
Une célèbre légende marque aussi l'histoire de la construction du pont.
Claire la féminise un peu en y ajoutant le rôle de l'épouse du maître d'oeuvre.
Pour résumer cette histoire, les cadurciens s'impatientaient de voir aboutir la construction de ce pont que tous attendaient. Au bout de 50 ans, le maître d'oeuvre décida de conclure un pacte avec le diable, lo drac, afin de lui demander son aide. Bien évidemment la monnaie d'échange serait l'âme du pauvre homme. Le diable se démena et le chantier se mit à avancer très très vite. L'homme devenant de plus en plus inquiet alla en parler à son épouse.
Celle-ci lui rappela que le diable se devait d'exécuter tous les ordres donnés par le maître d'oeuvre et lui donna une bonne idée.
Au petit matin, lo drac vient comme à l'accoutumé prendre ses ordres.
Le maître d'oeuvre lui remet un récipient et lui demande d'aller chercher de l'eau à la fontaine des Chartreux pour sceller la dernière pierre.
Le Diable file à la fontaine et tente en vain de ramener le précieux liquide.
En effet, sur les conseils avisés de son épouse, l'homme avait remis un crible au démon.
Ainsi jusqu'à la tombée de la nuit, le bougre s'échina à tenter de ramener de l'eau... Au crépuscule le contre-maître vint trouver le diable et feint la colère. Puisque le contrat n'avait pas été honoré et que la dernière pierre n'avait pas été scellée, le pacte était rompu !
Vaincu mais revanchard, le diable revint pendant des siècles desceller la dernière pierre de la tour.
Au 19ème siècle, l'architecte Paul Gout lança la restauration complète du pont très abîmé.
Il déclara : "faisons table rase du passé et repartons sur de bonnes bases".
Il fit alors sculpter sur la dernière pierre un petit diable et depuis, le pont ne bouge plus..
Le pont Valentré de Cahors et ses tours médiévales
C'est là que la visite avec Claire s'achève.
Nous avons passé un moment de pur bonheur à découvrir cette très jolie ville du Lot.
Comme d'habitude, je me suis enrichi de ces échanges et je suis reparti avec de beaux souvenirs plein la tête et plein les yeux.
On ne peut découvrir un endroit qu'avec l'aide d'un ou d'une guide, il n'y a pas photo ! Et quand en plus on a la chance de tomber sur des guides de talent comme à Cahors, il ne faut pas hésiter une seule seconde et il faut suivre leurs visites.
Je sais que je n'ai pas tout vu de Cahors mais cela sera pour moi l'occasion d'y revenir pour une fois encore prendre un immense plaisir à déambuler dans cette belle ville à la découverte de son patrimoine remarquable.
Un immense merci à Claire Pardieu pour sa formidable visite, son enthousiasme et son talent !!
Merci beaucoup l'office de tourisme de Cahors, Vallée du Lot pour leur accueil formidable et leur gentillesse. Pardon mille fois de n'avoir pas réussi à sauver le premier reportage tourné avant celui-ci. Les mystères ténébreux de l'informatique... Merci donc à Virginie Séguin, responsable de la Communication à l'Office de Tourisme pour sa visite et pour nous avoir permis de refaire ce tournage avec Claire.
Un énorme merci aussi et surtout à l'Agence de Développement Touristique du Lot (ADT 46 - Lot Tourisme) pour leur invitation, pour leur soutien sans faille et pour leur amitié. Alors merci beaucoup à Cathy Séguy responsable du pôle promotion et à Anna Crépin, responsable des relations presse. Vous êtes top et avez vous aussi la chance de promouvoir un département merveilleux.
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