16 Juillet 2021
Limoges. Tout comme moi, le mot "porcelaine" vous vient immédiatement à l'esprit. Mais la ville, discrète voire même secrète, on en parle peu. Pourtant elle recèle de nombreux beaux monuments et édifices classés et ses quartiers anciens sont remarquables. Vous ne connaissez pas ?
Cela tombe bien, Laurent de l'office de tourisme intercommunal de Limoges est notre guide privé d'un jour et nous propose de le suivre dans sa ville natale.
Alors, on y va ?
Comme de coutume, je vous invite dans un premier temps, à regarder notre (super) reportage vidéo :
C'est en fin d'un bel et chaud après-midi d'été (pré Covid) que nous nous rendons à Limoges le temps d'un court week-end.
Julien de l'office de tourisme d'Albi m'a gentiment donné le contact d'un "super guide", Laurent, pour nous accueillir et pour nous guider dans la capitale du Limousin.
Le rendez-vous ayant été fixé à l'avance et c'est avec grand plaisir que nous avons pu profiter de la présence de ce "Limogeaud" pour découvrir cette belle ville.
Pour tout vous dire, j'y étais déjà allé il y a quelques années et j'avais arpenté les ruelles de la ville autour du marché couvert. Mais durant la visite avec Laurent, je me suis rendu-compte que je ne connaissais pas du tout la vieille ville et ses beaux quartiers.
Comme tout le monde, je connaissais en revanche la sublime gare de Limoges, la gare des bénédictins, véritable emblème de la ville que l'on voit très régulièrement dans les films ou dans des publicités.
Idéalement, il faudrait pour une belle découverte de Limoges, traverser la Vienne et commencer par le très joli quartier au bout du pont Saint-Etienne.
Ce pont médiéval du 13ème siècle et les maisons en encorbellement et colombages de ce quartier, sont une très belle carte postale.
Le long des quais, la ville a même aménagé de beaux et confortables fauteuils en bois pour farnienter au bord de l'eau.
Sieste ou contemplation des rives et du flot du cours d'eau ?
Je trouve ça génial !! pas vous ?
Au bord de l'eau, on peut y voir des pécheurs certes, mais aussi des oiseaux d'eau et ceux qui les photographient tapis dans l'ombre au milieu des massifs fleuris, je dis, ça, je dis rien... 😁😉
C'est sur la belle place Fontaines des Barres que Laurent débute sa visite.
Tout autour de la place et comme partout en ville, des façades d'hôtels particuliers en encorbellement et colombages entourent la fontaine dont la margelle comportait autrefois des barres de fer pour éviter les chutes dans le puit.
C'est parti pour la balade dans la ville !
La première étape est devant une fenêtre dont les barreaux de fer qui me semblent anciens sont un tantinet lugubres.
Ce sont les anciennes prisons de la ville.
De là, les prisonniers partaient au 18ème siècle pour se faire décapiter sur la place à une centaine de mètres de là par une ruelle montante qui porte depuis le nom très évocateur de rue "Monte à Regret".
Même la plaque de rue semble avoir des regrets...
Chemin faisant, Laurent me fait remarquer au dessus d'une porte que dans l'alcôve à l'emplacement d'une statuette d'une Vierge ou d'un saint, se trouve désormais une création artistique en porcelaine bleu.
Un superbe bleu que j'aime beaucoup d'ailleurs, moi qui adore la couleur bleu !
Il y a tout un circuit à faire pour découvrir une vingtaine de créations installées un peu partout dans la ville; comme j'ai aussi pu en voir une sur le pont Saint-Etienne
Inspirée par les japonais qui pour réparer créent autre chose, la ville a donc remplacé des choses détruites au fil du temps par des œuvres en porcelaine, Limoges pouvant se targuer d'avoir le label de Capitale Créative par l'UNESCO.
Place de la Motte (castrale très certainement), Laurent fait halte devant des fresques murales.
Sur l'une d'elles, il me semble y reconnaitre Toulouse-Lautrec devant un des ses modèles posant nu, mais je le conçois, je suis un tantinet chauvin...
En effet, il s'agit du célèbre Pierre-Auguste Renoir, né à Limoges le 25 février 1841 (23 ans plus agé que Lautrec).
Comme me le fait remarquer malicieusement Laurent, dans le premier tableau, le modèle est nu, mais dans la seconde fenêtre les peintres contemporains l'ont par pudeur rhabillé.
Il est vrai que nous sommes face au marché où des familles auraient pu être heurtées par la vision d'un sein, alors "cachez donc ce sein que je ne saurai voir" et le tour est joué, la plantureuse muse se voit vêtue d'une nuisette qui à mon avis, rend le tableau plus érotique qu'il ne l'était...
Voici ainsi l'arroseur arrosé 😜
Malgré le soleil de fin d''après-midi qui décline, il fait chaud à Limoges ce jour-là.
Laurent nous arrête devant une seconde fontaine où il fait bon de se poser.
Le gargouillement de l'eau est reposant et les jets créent une légère humidité bienfaisante.
Cette fontaine est dédiée à Saint Martial, qui serait le tout premier évêque évangélisateur de la ville et du Limousin au 3ème siècle.
Juste derrière, l'église... Saint... Michel (il y a de quoi m'embrouiller un peu....).
Devant cette église qui conserve précieusement les reliques de Saint Martial dont l'abbaye qu'il avait fondé et où il reposait a disparue à la Révolution française, deux magnifiques statues de lions en granit trônent pour la plus grandes joie des enfants limougeauds qui, Laurent le premier nous avoue-t-il, n'ont de cesse de vouloir grimper sur leur dos.
C'est l'occasion pour Laurent de m'évoquer les grandes fêtes des "Ostensions" très importantes pour tous les Limousins depuis plus de mille ans.
En 994, la ville subit les affres du "Feu Ardent". Cette terrible maladie que l'on appelle communément ergotisme est due à une intoxication alimentaire produite par l'ergot de seigle, champignons parasites qui provoquent gangrènes foudroyantes et douleurs extrêmes.
Le chroniqueur médiéval Raoul Glaber écrit alors : "C'était une sorte de feu caché qui attaquait les membres et les détachait du tronc après les avoir consumés".
Aux portes de l'an 1000, devant cette épidémie qui dévaste la moitié de la ville et devant ces malades également pris de folie en quelques jours, les consuls et le clergé organisent alors de grandes processions et sortent les reliques de Saint Martial pour les montrer (ostendere en latin).
Le fléau cessa à ce moment-là et l'on nomma cet évènement le "Miracle des Ardents". Par dévotion, par action de grâce et par précaution, on fit alors régulièrement l'ostension des reliques de l'église Saint Michel: Saint Martial, Saint Loup, Sainte Valérie...
Depuis, ces cérémonies grandioses qui rassemblent plusieurs milliers de croyants et où se joignent en procession avec leurs saintes chasses, leurs reliquaires, leurs gardes suisses, leurs confréries, leurs pénitents, de nombreuses paroisses du Limousin, sont inscrites au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité par l'UNESCO en 2013.
Elles sont reconduites tous les 7 ans. Les dernières datent de 2016, ainsi, les prochaines devraient avoir lieu en 2023, puis 2030, 2037...
Dans toute la ville de Limoges, on peut admirer de superbes hôtels particuliers dont beaucoup sont des 16ème, 17ème et 18ème siècles.
Certains sont classés Monuments Historiques: l'Hôtel Bourdeau de Lajudie, l'Hôtel Muret, l'Hôtel Estienne de la Rivière, l'Hôtel Martin de la Bastide, l'Hôtel Maledent de Savignac de Feytiat, celui également rue de la Ferrerie, l'Hôtel Naurissart, l'Hôtel Nieaud...
Laurent nous conduit dans la Cour du Temple, cour de l'ancien hôtel particulier de la Peyrière datant du 16ème et 17ème siècle.
C'est splendide !!
Des façades à colombages, un bel escalier renaissance, des anciens couverts, un beau porche...
Un peu cachée, cette cour est autant méconnue des touristes que des habitants !
Pourtant on peut désormais s'attabler dans la cour dans un des restaurants qui proposent cet endroit un peu secret pour se sustenter.
L'ancien Hôtel Particulier de la Peyrière à Limoges avec sa belle cour et sa porte cochère monumentale
Rue de la boucherie, où nous faisons halte, les façades des commerces ont pratiquement toutes conservé les devantures et les étals des nombreuses boucheries d'antan.
Cette puissante corporation proposait pas moins de 56 boucheries dans cette rue réparties entre 6 familles !!
Il faut imaginer cette rue très animée avec ses étals, ses carcasses qui pendaient le longs des devantures.
Il ne faut pas oublier que nous sommes, entre autre, au pays des belles limousines excellentes bêtes pour la viande.
Limoges compte de nombreuses spécialités tripières, et charcutières comme les boudins dont celui aux châtaignes, les crépinettes de pieds de porcs, les grillons (proche des rillettes), les animelles, rognons blancs de moutons très appréciés dans le limousin. N'oublions pas les girots, boudin traditionnel au sang d'agneau interdit pendant la crise de la vache folle et que l'on retrouve désormais dans les halles de Limoges, ou les nez d'amour, groin de porc farci avec de la langue, de la joue et des légumes, l'andouillette de fraise de veau....
Brefs je rêve de faire partie de la Frairie des petits ventres, digne et noble confrérie qui depuis les années 70, célèbre chaque année durant le 3ème vendredi d'octobre toutes ces gourmandises qui font toujours la réputation de Limoges.
Même le nom de la confrérie vient d'une spécialité locale, les petits ventres , des panses d'agneau farcies aux pieds d'agneau...
Quel beau pays pour les amateurs de bonne chère !
La Frairie des petits ventres de Limoges - France 3 Nouvelle-Aquitaine
Chaque année, le troisième vendredi du mois d'octobre, Limoges se réveille avec des odeurs de cuisson. Au cœur de la ville, dans la rue de la Boucherie, les étals se garnissent de tripes, de f...
Ville dans la ville comme le dit Laurent, la rue de la boucherie et les 6 familles avaient leurs lois, leur saint, Saint Aurélien, 2ème évêque de Limoges et leur église privée, la chapelle Saint Aurélien.
Cette belle chapelle édifiée par les familles de boucher en 1475 abrite une statue très particulière, celle de la Vierge au rognon.
Cet ensemble statuaire, montre Sainte Anne tenant un panier (en revenant du marché?) accompagnée de sa fille, la Vierge Marie qui tient dans ses bras, l'Enfant Jésus dévorant un rognon.
Il a longtemps été de coutume en effet, d'offrir des rognons aux enfants des meilleurs clients afin de les fortifier.
Pour terminer notre périple dans la ville et notre reportage, je demande à Laurent de me parler de trois grands sujets qui caractérisent Limoges: les émaux, la porcelaine, la cathédrale.
Au moment de notre tournage, il y avait une série de concert, aussi, nous n'avons pas pu la visiter.
Les émaux. C'est ce que je connaissais de Limoges depuis très longtemps. Durant tout le Bas-Moyen Age (du 12ème siècle au 16ème siècle), les très talentueux orfèvres de Limoges ont été reconnus pour leur savoir-faire, pour les nombreux chefs-d'œuvre qui sortaient de leurs ateliers et que l'on trouve partout en Europe dès cette époque.
Bijoux, mobilier liturgique comme les reliquaires, les chasses et les tableaux se retrouvent désormais dans les plus grands musées européens et bien entendu dans celui de Limoges, le Musée des beaux Arts, qui est abrité dans l'ancien Palais Episcopal.
Il suffit de taper "émaux Limoges" dans Google images pour voir ces magnifiques pièces d'orfèvrerie qui me font rêver:
Quelques sublimes trouvailles sur Google images des trésors créés par les orfèvres émaillistes de Limoges
La porcelaine. Qui n'a jamais entendu parler de la célèbre "Porcelaine de Limoges".
Avec ce savoir-faire reconnu lui aussi dans le monde entier et celui des émaux, Limoges est intégrée par l'UNESO depuis 2017 dans le réseau des Villes Créatives, dans la catégorie "'Artisanat et Art Populaire"
Apparu en France sous Louis XV, grand amateur de porcelaine de Chine, l'artisanat né à Limoges grâce au Kaolin, argile blanche qui fait la porcelaine, trouvée à proximité, prendra un bel essor au 19ème siècle avec la venue et l'installation à Limoges de la première entreprise américaine en France.
La famille Haviland (même famille que la superbe actrice, Olivia de Haviland) saura donner ses lettres de noblesse et l'essor économique nécessaire à ce savoir-faire artisanal que la société Haviland perpétue avec toujours autant de talent et de créativité.
Je ne peux que vous conseiller d'aller visiter leur atelier-musée et de faire une longue halte dans leur boutique d'usine à Limoges.
C'est sublimissime !
David de Haviland et son usine de porcelaine à Limoges au 19ème siècle - Crédits photos Musée Virtuel du Protestantisme et Haviland
Enfin, la cathédrale de Limoges.
Commencée en 1273, la cathédrale Saint Etienne ne fut réellement terminée qu'en 1888 !
Le chœur gothique, la nef romane sont antérieurs au narthex, ce vestibule traditionnel des églises médiévales, qui sera lui créé en 1888, à la demande de Mgr Renouard afin de rattacher enfin le clocher à la cathédrale !
Moins élevé que la nef, ce portique qui fait la transition entre le profane et le sacré a été bâtit dans le même style architectural que le reste de l'édifice ce qui, même s'il est moins élevé, participe à l'homogénéité de l'ensemble.
Pour une fois, le prélat ou l'architecte, n'ont pas souhaité marquer leur empreinte avec un style contemporain qui aurait juré, comme on peut malheureusement parfois le voir.
Une très bonne chose à mon humble avis.
L'après-midi touche à sa toute fin. Nous sommes assoiffés d'avoir parcouru une partie de la ville. La fatigue commence à se faire sentir en plus de la soif. Il est temps de se poser à une terrasse pour profiter des derniers rayons de soleil.
J'ai adoré cette visite qui m'a permis de découvrir et d'apprécier Limoges.
Cette ville est belle et son histoire, son patrimoine valent le détours.
Une journée ne suffit pas, alors il me faudra revenir très vite car je le sais, la ville recèle encore de nombreux trésors cachés qu'il me faut découvrir. Et puis avec un tel accueil de l'office de tourisme et des limougeauds, on ne peut que se créer de nouveaux et beaux souvenirs lors d'une visite de Limoges.
Alors, le temps d'un weekend, d'un court ou long séjour, je vous convie à Limoges pour vous aussi vivre et partager là-bas ces instants magiques.
La Maison Blanche
La Maison Blanche, rien que ça ! Cet élégant hôtel particulier propose plusieurs studios et mini suites à des prix plus que très raisonnables. Simples et raffinées à la fois, les chambres, reposantes sont climatisées, ont le WIFI gratuit et une petite cuisine équipée. Pensez toutefois à aller acheter votre petit déjeuner la veille, sinon, comme ce fut mon cas, vous devrez au réveil aller à la supérette du coin vous procurer café, thé et tout le nécessaire pour bien débuter la journée. Cela tombe bien, il y en a une à 5 minutes à pied ouverte le dimanche matin 😉
A quelques minutes à pied du cœur historique, cette belle adresse a en plus un parking fermé, très appréciable pour tout visiter sans se presser. Certaines chambres ont un petit espace jardin avec terrasse privée.
Prix à partir de 85,50€ le studio de 25m2 pour la nuit.
L'adresse:
La Maison Blanche
31 Avenue Saint Surin 87000 Limoges maisonsaintsurin@gmail.com Tél 05 55 33 33 68 https://www.maisonblanche87.fr/La Maison Blanche Limoges
Un immense merci à Laurent et à l'office Intercommunal du Tourisme de Limoges pour leur formidable accueil. Laurent tu es un guide fabuleux dont l'amour pour ta ville se ressent et est contagieux. Merci infiniment pour ta gentillesse, ta patience, ces fabuleux moments de partage et ton amitié qui perdure. Nous avons eu et nous avons toujours beaucoup de chance d'avoir croisé ton chemin.
Merci beaucoup Julien de l'office de tourisme d'Albi d'avoir rendu cela possible.
Vidéo et photos (sauf mentions contraires) : Justin BONNET
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Destination Limoges | Découvrez la capitale des arts du feu
Depuis les vestiges antiques jusqu'à l'architecture Art Déco en passant par les arts du feu et l'aventure industrielle, 2000 ans d'histoire ont forgé à Limoges un patrimoine riche en objets ...
Passionné par le patrimoine, l'Histoire et surtout les personnes qui en font parti, mon grand plaisir c'est découvrir encore et encore et partager mes découvertes....
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