17 Janvier 2021
Les Templiers. Tout gamin, ces mots me faisaient rêver tout en me faisant peur. Je suis sûr que je n'étais pas le seul. Quelques années plus tard, me voici en Aveyron, dans le Causse du Larzac, aujourd'hui inscrit à l'UNESCO, à la découverte de l'ancienne citadelle fortifiée de La Couvertoirade.
J'ai les yeux qui pétillent et mon cerveau en éveil et même carrément en ébullition.
Nous sommes début septembre, il fait beau, il fait même un peu chaud malgré le grand vent bien présent.
Solveig, responsable de l'office de tourisme de la Couvertoirade et enfant du pays nous attend avec un beau sourire pour nous raconter cette cité templière et hospitalière.
Alors, on y va ?
Pour commencer voici notre reportage vidéo plutôt très chouette, il vous suffit de cliquer sur la flèche dans le carré rouge et c'est parti 😉
Il est presque midi quand nous arrivons aux pieds des remparts de la cité médiévale. Les paysages que nous avons traversé pour venir depuis le Tarn sont superbes.
Je suis tellement content de venir enfin découvrir ce petit bout de Larzac où je ne suis jamais venu !
Les fortifications sont impressionnantes !
Nous passons sous la porte fortifiée et nous voici immédiatement plongés dans un autre monde, dans un autre temps.
Je suis espanté par la beauté de l'architecture du village. A la fois austère, sèche, mais harmonieuse et apaisante.
Pour l'heure, il est grand temps d'aller se substanter.
Avant de venir, j'avais pris la précaution de réserver à l'Auberge du Chat Perché car en ce weekend de début septembre, fuyant les villes, les promeneurs sont nombreux à la Couvertoirade et les places aux restaurants ouverts sont chères et recherchées !
Petit détail qui a son importance, prévoyez sur vous des espèces ou votre chéquier car il n'y a pas de banque ni de borne de retrait automatique dans le village et pratiquement tous les restaurants ne prennent pas la carte bleue... Comme j'avais été prévenu à l'avance, chéquier et espèces sonnantes et trébuchantes étaient dans mon escarcelle !
Après un bon repas (voir tout en bas "où manger"), une fois repus, Justin et moi regagnons la Porte Nord pour débuter la visite.
Solveig est là avec son beau sourire avenant, prête à nous raconter les petits secrets du bourg, son histoire et un peu la sienne également en tant que native du village.
Solveig nous emmène par une jolie petite rue à l'endroit le plus important dans le village et son histoire: le Rocher des Conques.
Nous arrivons sur une petite place et grimpons des marches taillées dans la roche qui nous mènent contre un rocher.
Ce rocher protège le trésor vital du village: une réserve d'eau naturelle, une conque. Cette cavité naturelle capte les eaux de pluie et de ruissellement et le calcaire de la roche formant une citerne, retient l'eau. Le Larzac est une terre pauvre et aride qui ne retient pas l'eau. L'eau y est une denrée rare. La présence de cette conque va décider les Templiers de venir s'établir à cet endroit, la citerne les garantissant l'accès à l'eau potable de façon permanente.
Ainsi durant de nombreux siècles, on y vint y puiser de l'eau avec des seaux que l'on remplissait depuis le puit creusé au sommet du rocher.
Ce rocher creux est tellement important qu'il aurait très probablement donné son nom à la cité. Cette cavité d'eau couverte est appelée en occitan cobertoirada et on en retrouve la première mention en 1050 sur certains écrit qui parlent de la paroisse de la Cobertoirada dans le chartrier de l'Abbaye de Gellone, aujourd'hui Saint Guilhem le Désert.
Certains historiens préfèrent eux évoquer plutôt les 5 dolmens, 5 pierres couvertes, présents à proximité comme racine étymologique.
La vie devait être bien rude dans la cité car, tenez-vous bien, le village n'aura l'eau courante qu'en 1975 !
De la création du bourg jusqu'au 20ème siècle, les habitants puisaient l'eau dans la conque ou dans les quelques citernes des maisons, quand ils avaient la chance de pouvoir en avoir une.
Nous contournons le rocher et nous nous retrouvons devant l'église et le château.
Un château-fort même !
C'est là, tout contre le rocher de la Conque, que les Templiers de Sainte Eulalie de Larzac (de Cernon) vont venir y établir une commanderie, grâce au leg de cette terre que leur fera Richard Seigneur de Montpaon en 1181. Puis en 1249, les Templiers vont y construire le château, une chapelle et toutes les fortifications.
La bretêche, cette construction avancée au dessus de la porte, indique que ce fort se voulait imprenable et Solveig m'explique que depuis cet appendice, les moines-soldats jetaient sur leurs ennemis, non pas de l'eau, car ils n'en avaient pas, mais du sable chauffé à blanc. Cette silice presque en fusion avait l'avantage de pouvoir se glisser sous les armures ou les cotes de mailles et de brûler profondément la peau des assaillants...
Ils pouvaient également faire couler de la graisse de porc fondue !
Sincèrement, je n'aurai pas du tout aimé être soldat à cette époque et je vous avoue, que je préfère utiliser le saindoux pour cuisiner mes pommes de terres !
Pas vous ?
En quelques pas, nous voici dans l'église.
De la chapelle primitive des templiers, ne subsiste que le chœur. En 1307, Philippe Le Bel, roi de France ordonne l'arrestation de tous les Templiers dont il veut dissoudre l'ordre. Ce qu'il fera en 1312. Les Templiers de la Couvertoirade sont alors enfermés à la prison royale du château de Najac.
En 1312 justement, Les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, plus connus sous les noms de Chevaliers de l'ordre de Malte reçoivent tous les biens des Templiers.
Une fois installé à la Couvertoirade, ils transformèrent la chapelle primitive des Templiers en église.
Pour se faire, ils n'hésitèrent pas, là aussi, à construire directement sur la roche, que l'on aperçoit sur tout un mur dans la nef de l'église et qui confère au lieu une drôle de sonorité!
On peut voir leur célèbre Croix de Malte très reconnaissable sur la clé de voûte de la nef.
L'église est dédié à Saint Oférus.
Ce nom ne vous dit rien ?
Pourtant tout le monde le connait.
Je vous conte rapidement sa légende, il n'est en effet pas prouvé qu'il ait bel et bien existé...
Nous sommes en pays biblique de Canaan et un géant très puissant cherche à se mettre au service du roi le plus puissant qu'il rencontrera. Chemin faisant, il arrive au bord d'une rivière où il décida de s'établir quelques temps, certain disent même que c'était un fleuve dangereux. Vint un jour, un enfant qui lui demande de le faire traverser. Le géant s'exécute et durant la traversée, le poids de l'enfant devenait de plus en plus lourd. Le géant eut très peur de ne pouvoir parvenir à traverser et de périr, l'enfant et lui, au milieu des flots. Arrivés sains et saufs sur la rive opposée l'enfant se révéla alors au géant qui devint ainsi le Kristos (Christ en grec) - Phorein (porteur), Christophorus, Saint Christophe.
Ayant porté l'Enfant-Dieu à bon port, il devint ainsi le patron de voyageurs et depuis des automobilistes.
Les hospitaliers ayant pour symbole la main de Saint Jean-Baptiste. L'église est donc placé sous le double vocable de Saint Christophe, Saint Jean-Baptiste.
Claude Baillon maitre-verrier à Millau a réalisé en 2005 les sublimes vitraux où on peut justement voir le Baptiste, Saint Christophe ainsi qu'une Vierge à l'Enfant.
Je les trouve très beaux et vous ?
Autre artiste qui va créer pour cette église des œuvres très artistiques et très symboliques, Jean-Jacques Bris.
Ce sculpteur lui aussi aveyronnais de Saint-Jean-Bruel, a réalisé en métal doré le tabernacle, la croix lumineuse et la sculpture de l'autel.
Sortons de l'église et allons dans le clos qui jouxte l'édifice, l'ancien cimetière.
Celui-ci est parsemé de croix discoïdales (rondes).
Elles sont superbes, semblent chargée de symboles sculptés dans la pierre et vraiment j'adore !!
Ma première question, voire presque affirmation à Solveig est que ce sont des pierres tombales.
Et voilà, le néophyte que je suis est tombé dans le panneau !!
Solveig m'explique que ce cimetière désaffecté à la fin du 19ème siècle sert aujourd'hui d'espace d'exposition pour ces croix qui n'étaient pas du tout là mais qui y furent placées après avoir été collectées un peu partout sur les causses du Larzac autour et dans la commune afin de les protéger, de les étudier et de permettre au plus grand nombre de les voir.
A priori, nous dit Solveig, dans le Larzac, ces stèles servaient à borner le territoire.
Il y a en plus d'une dizaine d'exposées.
Elles sont splendides !!
En aviez-vous déjà vu ?
Quelques exemples des croix discoïdales de la Couvertoirade
Elles me font penser à celles que j'ai pu apercevoir dans le Pays Basque.
Larceveau - Centre d’interprétation des stèles du Pays basque © Crédit photo : y. martin / www.sudouest.fr
Le vent souffle de plus en plus fort et le soleil est bien chaud Il est temps pour nous de sortir de la cité.
Solveig veut me montrer un des postes importants pendant très longtemps pour la ville fortifiée, celui du don de l'eau.
Durant des siècles, de nombreux pèlerins, voyageurs et marchands ont parcouru le Larzac pauvre en eau. Ils avaient donc besoin de se désaltérer et de pouvoir remplir leur outre d'eau fraiche.
Ne pouvant les faire entrer en ville, la plupart du temps les voyageurs étaient mis en quarantaine et quand c'était la ville qui se murait lors des grandes épidémies, l'eau devait quand même être donnée.
Ainsi, derrière le rocher de la conques, une petite brèche fut percée dans le rempart et une rigole de pierre sculptée afin d'y faire couler gratuitement l'eau salvatrice, c'est là le don de l'eau.
Solveig nous propose de monter sur le rempart pour admirer la ville d'où la vue est à couper le souffle !!
L'office de tourisme organise des visites commentées où on peut accéder aux fortifications. Je pense même qu'on peut aussi y monter en visitant le musée de l'office de tourisme.
Puis nous sortons de la ville par la Porte Sud
Le Larzac, terre de pastoralisme est connu pour ses lavognes.
Savez-vous ce que c'est ?
C'est une sorte de petites ou très grandes marres en pierres ou creusées dans la pierre pour permettre aux brebis et aux moutons de venir s'y abreuver.
Autrefois, il y en avait une dans le village mais aujourd'hui, il y en a une superbe juste après la porte Sud.
La photo s'impose car ce patrimoine fait partie des choses inscrites par l'UNESCO depuis 2011 en tant que "paysage culturel vivant de l'agropastoralisme méditerranéen".
Mais justement, je suis tellement espanté par le paysage et par tout ce que je viens de voir, que j'oublie de faire la photo... Justin qui filme compte sur moi pour faire cette photo...
Je ne peux vous proposer que la photo que j'ai fait de la photo d'un troupeau de brebis autour de la lavogne...
Le bourg médiéval est splendide et regorge de coin et de recoins, de portes ornées de fleurs, de boutiques qui m'appellent...
Il y a tant à apprendre, à visiter, à découvrir...
J'ai tellement envie de rester là !
Je suis tellement heureux de découvrir le village que je rêve de visiter depuis de très nombreuses années !
Mais il est temps pour nous de prendre congé de Solveig.
Une nouvelle destination nous attend, une autre "Plus Beau Village de France" d'Occitanie, un autre joyau classé à l'UNESCO, mais ça vous le découvrirez dans un tout prochain épisode 😉
Un énorme merci à Solveig LETORT pour sa fabuleuse visite dont nous avons adoré chaque instant. Nous avons découvert une pépite en La Couvertoirade et il ne nous tarde qu'une chose, c'est d'y revenir pour continuer à explorer ce village et non pas d'essayer d'y remonter le temps mais tenter de l'arrêter pour savourer ce délicieux moment. Un grand merci également à mon amie Jackie BRU et à Audrey CARLES en charge des relations presse à l'Agence de Développement Touristique de l'Aveyron. Un autre très grand merci à Krystel MARTIN, responsable de la Communication pour l'Office de Tourisme Larzac et Vallée pour nous avoir permis d'utiliser gracieusement le petit film de promotion de La Couvertoirade de l'Office de tourisme au début de mon reportage. J'espère que le rendu final sera à la hauteur...
Vidéo et photos (sauf mentions contraires) : Justin BONNET
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Pour les plus jeunes (ou pas), suivez Hugo et ses copains dans les ruelles de La Couvertoirade.
Hugo passe les vacances chez ses grands-parents dans un magnifique village au milieu du Causse : La Couvertoirade. Dans le jardin de son grand-père, avec Jerry, un copain, ils vont faire une étonnante découverte... A partir de 10 ans - 86 pages
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