26 Février 2018
Jean Jaurès, Germinal, Zola, luttes ouvrières, tout cela nous ramène dans le Tarn, aux portes d'Albi et de Carmaux à Cagnac-les-Mines. J'avais à cœur de recueillir le témoignage d'un des deux derniers mineurs de fond qui ont bâtit de leurs mains ce fabuleux sites du Musée Mine départemental.
Loin d'aborder ces grands moments de l'Histoire avec un grand H qui se sont joués dans ce bassin carmausin, c'est la vie et le travail des mineurs de fond à travers ce parcours complètement immersif que je vous propose de découvrir dans cette vidéo grâce au témoignage de Stanislas Swiatek, qui a travaillé en tant que mineur dans ces mines et qui a participé à la construction de ce musée.
Stanislas Swiatek, Stan, a passé plus de 25 ans dans le fond des mines de Cagnac. 25 ans où chaque matin, il empruntait l'une des "cages" qui descendaient à divers étages (les "recettes").
Pour moi, mineur de fond fait parti de ces métiers dont la pénibilité, les conditions de vie et de travail poussent les hommes et les femmes qui les exercent à se surpasser en permanence.
Je suis à la fois admiratif et dubitatif quand à ce travail. Travailler dans le noir, le bruit, la poussière et être en plus éprouvé physiquement, relève pour moi de l'exploit. La tâche est tellement dure que pour moi, elle revêt une certaine forme d’héroïsme...
Stanislas Switatek fait parti de ces ouvriers. Ils étaient six à vouloir sauver les vestiges de leur travail quand en 1989 il était question de combler les mines et de raser tous les bâtiments des mines de Cagnac: Pierre BOSC, PIerre BOUTY, Pierre BOYER, Jacques ENJALBERT, Elysée ROULEGOUX et Stanislas SWIATEK.
Désormais, comme l'écrit le musée-mine, le musée est le dernier témoignage sur site de l'exploitation du charbon dans le Tarn.
Alors vous imaginez lorsque j'ai su que je pouvais avoir l'un de ces mineurs comme guide et que je pouvais recueillir son témoignage, ses souvenirs et sa vision de son travail, j'étais on ne peut plus heureux !!
Pour visiter le musée, il faut tout d'abord s'équiper d'un casque, comme le faisait les mineurs, au détail près que ceux proposés aux visiteurs de nos jours n'ont pas de petite lumière sur le devant. Celui de Stanislas Swiatek est le sien, celui qu'il a porté durant 25 ans. Son nom est toujours écrit sur le côté et sa torche fonctionne encore. Fièrement, l'ancien mineur l'allume. "C'est toujours la même batterie" me dit-il avec un grand sourire !
Une fois le casque mis, nous nous approchons de l'ancien puits. Celui du musée, n'était pas utilisé pour descendre les hommes. Les ouvriers descendaient par les puits, aujourd'hui détruits qui se trouvaient en contrebas du musée. Plusieurs fois par jour, une cinquantaine d'hommes empruntaient les cages en même temps avec une vitesse vertigineuse de 6m par seconde !!
© Fonds Aimé Malphettes, Collection Musée-mine départemental
De là, nous passons à la "salle des machines" où 3 techniciens s'occupaient de ces fameux ascenseurs. Un dans la salle, un aux ascenseurs, et un à la recette. La machinerie d'époque est impressionnante ! Face au machiniste, une colonne sur laquelle sont inscrits des chiffres (altitude par rapport à la mer) et des index qui indiquaient où se trouvait les cages avec une précision de quelques centimètres ! D'après les index, les cages de ce puits descendaient jusqu'à 235m sous terre !
Puis nous descendons à la "lampisterie". Après s'être changé et après avoir rangé leurs affaires propres dans le double casier qui leur était réservé (un côté pour les affaires propres et un côté pour les affaires sales), chacun devait prendre sa lampe qui chargeait sur une étagère. L'absence de la lampe indiquait que le mineur était toujours dans les tunnels. Ils avaient aussi un système de jeton où était gravé leur matricule.
Ensuite, nous prenons un ascenseur qui descend les visiteurs du musée dans les galeries. Les six mineurs ont reconstitué plus de 350m de galeries ! Il faut se baisser à des endroits, faire attention à sa tête... tout y est même l'odeur des machines !! Une des différences majeures, est qu'eux, à l'époque étaient dans le noir, seulement éclairés par leur torche frontale...
Ce qui est génial dans ce musée et que l'on découvre les différentes techniques d'extraction et de soutènement à travers les siècles ! Du bois, du fer, des vérins... on voit très très bien l'évolution. Ne parlons pas de la façon d'extraire, de la pioche ils sont passés au marteau-piqueur puis à une grande machine qui vient avec des griffes creuser les parois.
© Fonds Aimé Malphettes, Collection Musée-mine départemental / Justin Bonnet
Tous les aspects du travail, du repas, de la vie sociale des mineurs sont abordés durant la visite. c'est fascinant ! En plus, Stanislas nous raconte les techniques, des anecdotes, nous livre ses impressions... Je savoure chaque instants !
Au final, la visite dure plus de deux heures. Deux heures durant lesquelles nous sommes plongés dans cet univers de dur labeur, de danger, de prouesses techniques aussi.
Déjà midi se profile et Stanislas doit rentrer chez lui...
Je me hasarde à une dernière question. A refaire, referait-il le même métier ?
Ce à quoi il me répond, que ça payait bien, qu'ils avaient un travail fixe, qu'ils avaient des avantages et... qu'il se trouvait mieux à la mine que dans un bureau...
Bien évidement, je ne peux que vous conseiller d'aller très vite visiter ce musée, c'est une expérience unique à vivre !
Pour ma part, je l'avais déjà visité plusieurs fois, mais cette visite avec Stanislas est désormais gravée au fond de moi. Indicible sentiment d'avoir vécut un moment privilégié, d'avoir reçu un beau cadeau, celui de la transmission d'un métiers, d'une passion, d'un moment du passé qui s'est arrêté à tout jamais.
Alors à mon tour, je vous le transmet avec ce reportage, avec ce témoignage dans cette vidéo d'un des derniers mineurs de fond qui voulait que son savoir ne se perde pas dans les limbes du temps qui passe...
Photos et vidéo (sauf mention contraire) Justin BONNET
Musées Départementaux: Présentation
Musées Départementaux > Musée-mine départemental > Présentation
http://musees-departementaux.tarn.fr/index.php?id=mine-presentation
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