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Cimetières mystérieux du Tarn

Parce qu'en ce début de novembre, nous allons fêter la Toussaint, j'avais envie de partager avec vous deux sites qui m'intriguent. Deux cimetières du Tarn assez mystérieux pour m'intéresser et pour avoir envie, d'en tous les sens du terme, de creuser pour en savoir d'avantage.

Tout d'abord, j'ai envie de remettre les choses à leur place, et re-préciser ce qu'est la Toussaint.

C'est en effet le 2 novembre que l'on célèbre les défunts tandis que la veille, on fête tous les saints.

La Toussaint est apparue après les persécutions. A Rome, elle devait exister dès le 5ème siècle. On a d'abord fait une célébration de tous les martyrs qui s'est étendue plus tard à tous les saints. En 835, Grégoire IV ordonna que cette fête soit célébrée dans le monde entier. C'est seulement au 20ème siècle que Pie X l'insère dans la liste des huit fêtes, avec obligation d'entendre la messe. La fête de tous les saints devient une fête chômée.

Toussaint  - Fra Angelico - Retable de l’église du couvent saint Marc à Florence, 1423-24, National Gallery,Londres

Toussaint - Fra Angelico - Retable de l’église du couvent saint Marc à Florence, 1423-24, National Gallery,Londres

En 998, le monastère bénédictin de Cluny instaura la commémoration de tous les frères défunts, le 2 novembre.

Au 13ème siècle, Rome inscrivit ce jour de commémoration sur le calendrier de l'Église universelle.

 

Cette même date fut maintenue, ainsi tous les membres défunts de la communion des saints pouvaient être rappelés en des jours successifs : les saints parvenus à la gloire du ciel le 1er novembre, et les autres le 2.

Enterrement du comte d'Orgaz - El Greco vers 1586–1588 - Eglise San Tomé de Tolède

Enterrement du comte d'Orgaz - El Greco vers 1586–1588 - Eglise San Tomé de Tolède

Pour beaucoup de monde, c'est le jour où il faut aller fleurir les tombes de nos chers disparus de pots de chrysanthèmes, qui au Japon symbolise en plus de l'Empereur, l'Amour éternel.

Ce n'est qu'à l'entre-deux guerre, en 1919, que les familles françaises commencèrent à fleurir les tombes des soldats tombés au front pour le 11 novembre. Très vite, la date du 11 novembre glissa pour le 2 novembre.

Cimetières mystérieux du Tarn

C'est dans ce contexte que m'est venue l'envie de partager avec vous, deux lieux énigmatiques et plein d'énergies, les sarcophages de la montagne sacrée de Sainte Juliane à Roquecourbe et la tombe de Béatrice dans le cimetière de l'église Notre Dame de Ruffis à Montredon-Labéssonnié.

 

Voici mon petit reportage sur les deux sépulcres, ceux de Ste Juliane, et celui de ND de Ruffis

J'avais déjà entendu parler du site de Sainte Juliane, la "Sacradelle" (terre sacrée). J'ai lu beaucoup de chose assez contradictoires. Ce qui est compliqué pour les archéologues, les historiens et autres chercheurs parfois trop cartésiens, c'est que ce site est une véritable petite encyclopédie sur un lieu de culte à la fois, celte, catholique, cathare et protestant. Toutes les couches y sont stratifiées selon les périodes d'occupation du sanctuaire.

Déjà, le mot JULIANE est formé du préfixe nordique "Yull" qui veut dire : "renaissance de la lumière" et du suffixe "Ane", mère de tous les dieux pour les Celtes et mère de la Vierge Marie pour les chrétiens.  

 

Cuve dites "sacrificielles" au nombre de 10

Cuve dites "sacrificielles" au nombre de 10

L'église très certainement construite à l'emplacement d'un lieu de culte celte fut christianisée et dédicacée à sainte Julienne de Nicomedie, vierge martyre du 4ème siècle à Nicomédie, en Bithynie (Asie Mineure). Détruite en 1210 par Guy de Montfort (frère de Simon), elle fut reconstruite vers 1231 - 1233  par Durand de Beaucaire, évêque d'Albi.

Derrière moi, vestige d'autel dans l'ancienne église qui fut à la période celte une forge cultuelle

Derrière moi, vestige d'autel dans l'ancienne église qui fut à la période celte une forge cultuelle

Dans ce qui fut le chœur de l'église, sarcophage de Béatrice Trencavel, épouse de Raimond VI comte de Toulouse

Dans ce qui fut le chœur de l'église, sarcophage de Béatrice Trencavel, épouse de Raimond VI comte de Toulouse

Mais ce qui est le plus fascinant, reste les 10 sarcophages (10, comme les cuves...).

Ils sont tous regroupés à l'Ouest, à l'extérieur de l'église.

Les différentes fouilles menées entre 1952 et 1976, permirent de découvrir des squelettes de femmes. Une avait son enfant contre elle.

Ces sarcophages furent construits à plusieurs époques jusqu'au 13ème siècle
Ces sarcophages furent construits à plusieurs époques jusqu'au 13ème siècle
Ces sarcophages furent construits à plusieurs époques jusqu'au 13ème siècle
Ces sarcophages furent construits à plusieurs époques jusqu'au 13ème siècle
Ces sarcophages furent construits à plusieurs époques jusqu'au 13ème siècle
Ces sarcophages furent construits à plusieurs époques jusqu'au 13ème siècle

Ces sarcophages furent construits à plusieurs époques jusqu'au 13ème siècle

Ce qui est mystérieux, c'est que toutes ces femmes avaient les bras le long du corps et non en croix sur la poitrine. Aucun ornement, aucun bijou...

C'était sûrement des religieuses, mais étaient-elles catholiques ? cathares ?  Là est également le mystère...

Ce qui est fou également, c'est que bien avant les fouilles, en 1933, un radiesthésiste avait affirmé que sa baguette détectait des ossements humains, on l'avait alors prit pour un hurluberlu...

Autre lieu très symbolique, le cimetière de l'adorable église Notre Dame de Ruffis.

Située à quelques kilomètres de Montredon-Labéssonnié, cette jolie église, magnifiquement restaurée et très bien entretenue par les bénévoles de l'association locale, est bien singulière. 

Vestige d'une tour du château médiéval, le clocher fût également le presbytère où vivait le curé de l'église
Vestige d'une tour du château médiéval, le clocher fût également le presbytère où vivait le curé de l'église
Vestige d'une tour du château médiéval, le clocher fût également le presbytère où vivait le curé de l'église

Vestige d'une tour du château médiéval, le clocher fût également le presbytère où vivait le curé de l'église

Cette petite église de facture très simple, presque néo-romane, dédiée à Notre Dame est un véritable havre de paix.

Il fait vraiment bon s'arrêter quelques instants à l'intérieur de cette église
Il fait vraiment bon s'arrêter quelques instants à l'intérieur de cette église

Il fait vraiment bon s'arrêter quelques instants à l'intérieur de cette église

Ce qui m'a amené dans ce lieu, est le récit que j'avait lu sur la découverte du corps d'une jeune fille au 19ème siècle.

Née au Mas Viel aux alentours de 1660, elle mourut vers 1680 à 20 ans, après avoir beaucoup souffert par sa famille.

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En 1895 on voulut enterrer un jeune homme du coin et lorsqu’on creusa sa future tombe, les hommes qui creusaient découvrirent un cercueil. Intrigués, ils l’ouvrirent et découvrirent le corps intact d’une jeune fille habillée d’une robe blanche.

 

Le curé Landes déclara que lorsqu'une personne était exhumée après tant d’années et retrouvée dans cet état de conservation, elle était considérée comme « Sainte »

Voici la tombe toujours fleurie de la jeune Béatrice
Voici la tombe toujours fleurie de la jeune Béatrice
Voici la tombe toujours fleurie de la jeune Béatrice

Voici la tombe toujours fleurie de la jeune Béatrice

Ces corps non corrompus malgré le temps me fascinent. 

En regardant sur un des sites internet dédiés au site de Ruffis, là aussi, on lit que des personnes seraient entrées en contact avec la jeune fille qui se serait manifestée sur des photos...

Personnellement, j'ai vraiment ressenti un réel bien-être près de cette tombe. Il faisait beau, une superbe lumière irradiait à travers les feuillages et j'ai oublié le temps... 

Peut-être était-ce là le petit miracle du jour...

Photos (sauf œuvres du Greco et de Fra Angelico) et vidéo de Justin BONNET

Photos (sauf œuvres du Greco et de Fra Angelico) et vidéo de Justin BONNET

Si vous avez aimé ce reportage, je vous invite à vous plonger dans la suite de celui-ci et de me suivre dans deux nouveaux cimetières tarnais bien particuliers...

A chaque saint, sa chandelle.

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Christian Riviere

Passionné par le patrimoine, l'Histoire et surtout les personnes qui en font parti, mon grand plaisir c'est découvrir encore et encore et partager mes découvertes....
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F
Les "Cuves" dites "Sacrificielles" peuvent n'être que des tombes en forme de silos à céréales!La chose est bien connue en Albigeois depuis la thèse de Doctorat (ToulouseII) des années 70/80 soutenue par un Historien médiéviste.Ces Tombes-silos ,creusées à proximité du cimetière chrétien ,recevaient des offrandes pour les morts.On en connaît ailleurs,par exemple en Quercy(Blanc=au Sud de Cahors) sur la commune de Villesèque ,au lieu-dit Pech Xoyol,sur l'emplacement de l'église disparue ,romane ou pré-romanr de Notre-Dame "del Camy de la Ribyeyra". Ces silos -tombes ,en forme de tholos grecques antiques , s'ouvrent à la surface du sol par un trou couvert d'une dalle de pierre plate.En Quercy"Haut" ,à Pontcirq, j'en connais tout un champ,parcelle ceinte de murs en pierres sèches ,fréquents en quercy.Ces tombes-silos affectent ,suivent ,les modes de construction des cazelles et gariottes ,cabanes en pierres sèches ,du Quercy et de beaucoup de pays de l'Europe méridionale et du Bassin Méditerranéen. Quant aux étymologies( de Sacratellum et de Juliane) n'allez pas chercher bien loin!Il faudrait d'abord donner ces noms en Occitan!la langue de leur formation!Oc juliana,prononcé "TsulyÂno",en Français Juliane,c'est le latin Juliana(= YouliÂna) = Celle de Juliànus,Fille d'une famille dont le nom clanique était "Juliànus",désignant les descendants d'un ancêtre commun du nom de Juliuànus donc d'un "dépendant"(affranchi?"Client"? au sens de "fidèle "et "dépendant") d'un Julius. Julius était le nomclanique("gentilice") de "Caius Julius Caesar,notre Jules César dont le prénom était ,non pas "Jules" mais "Caius"!!Jules étant son nom de famille et César son surnom!!...Sagradelle vient de latin Sacratellum= "Petit" (terminaison "ellum",pluriel Sacratella,devenu un faux féminin singulier!!) Sacràtum..un "Sacràtum" ou "(Locus)Sacràtus= Lieu sacré désignant tout simplement au Haut-Moyen-Age ,un cimetière attenant à une église "paroissiale"( =avec fonts baptismaux.Cf Cahiers de Fanjaux,un volume récent sur ce sujet. Le réseau des paroisses et de leurs églises ne s'est formé que lentement et n'est achevé que tardivement...Tout un sujet de recherches en cours!(Villages ,paroisses ,leurs origines:beaucoup de fausses idées admises sont complètement remises en question par les Historiens universitaires!)...Souvent les champs de tombes-silos étaient séparés des cimetières chrétiens et de façon à n'être pas visibles depuis ceux-ci ni de l'église qu'ils jouxtaient;L'obligation de placer le cimetière autour ou contre l'église ne s'est imposée que peu à peu!C'est par là que se sont créées les paroisses et les églises "paroissiales"...Aux origines les"cimetières" devaient n'être autres que les champs de tombes-silos par la suite conservées comme "cénotaphes" affectés à des offrandes aux défunts.En pays de Villesèque(entre Cahors au Nord-Est ,et Montcuq au Sud-ouest,Villesèque dépendant de Montcuq sous l'ancien Régime et au"Moyen-Age" ,on se souvient encore que les corps des défunts étaient descendus dans ces tombes-silos "la tête la première"!! Donc rites et pratiques observés jusqu'à à une date récente!(19ème: ce fut alors ,la population diminuant, que beaucoup d'églises furent désaffectées ,la paroisse supprimée,le cimetière également ,les restes étant transférés au cimetière de l'église majeure de la commune. En Quercy-Blanc (Sud-Ouest du Lot/Nord-Ouest du 82) on trouve encore des églises désaffectées entourées d'un ancien cimetière parfois toijours utilisé.Bien des églises désaffectées ont été démolies.Ces églises étaient aussi souvent les plus anciennes du pays! Cf Jean Lartigaut ,Thèse Toulouse,Le Quercyaprès la Guerre de Dent Ans...ou Didier.Panfili,(Prof' Sorbonne) Maîtrise Histoire 1984,Mottes castrales et Lignages seigneuriaux en Quercy-Blanc du 10ème au 13me siècle.Florent Hautefeuille ,Thèse toulouse,"habitat et peuplement en Sud-Quercy :Antiquité Tardive/Haut-Moyen-Age": tout un tas d'idées fausses ,traînant sous la plume d'amateurs, détruites par ces éminents historiens du Quercy médiéval......<br /> Un détail :lorsqu'en Occitan on trouve le son"Ts"+voyelle (ou DJ+voyelle ,ou DZ +voyelle) ce groupe phonétique succède à un latin "DI+voyelle"=Diurnus>>Tsourn(=jour)graphié"Jorn"(prononcé "Tsourr) Donc TsulyÂno pourrait,devrait, venir d'un latin "Diuliàna"explicable par contraction d'un plus ancien "Diviliàna"(prononcé DiwiliÂna) formé sur la base indo-européenne commune "Di-aws"ayant donné le latin "Divus/diva"(= divin/divine) et bien d'autres mots(Dies=jour,Deus="dieu"etc..)et le "celtique" gaulois "Divos/Diwos"(Déiwos)= "divin car céleste ou divin car d'origine céleste"...Mais l'Occitan possède des mots en Ts+voyelle venant directement du latin "J" +voyelle....
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C
Bonjour, tout d'abord, je tiens à vous remercier, d'avoir pris le temps de regarder mon modeste reportage. Merci ensuite pour toutes ces passionnantes et complètes indications. Je suis vraiment content que mon blog et mes reportages suscitent de l'intérêt et des échanges. Le savoir ne vaut que s'il est partagé. C'est ce que vous venez de faire. Soyez-en remercié.
B
Bonjour,<br /> Merci pour cette histoire au coin de l’écran.<br /> S'il est à peu près exact que les êtres humains que nous sommes se définissent par l'attention portée aux morts chaque culture l'applique différement, mais avec constance.<br /> Que l’empilement des couches archéologiques correspond aux différentes occupations des lieux exprimant les coutumes, donc croyances, des groupes qui se sont succédés sur un même lieu, permettent d'en saisir les motivations donc les habitudes, donc la philosophie ou la religion, est un fait, un autre est aussi d'en saisir les emprunts des uns aux autres et les modifications de sens ainsi apportées.<br /> N'oublions jamais l'ancienneté, bien antérieure au christianisme, de la représentation de la mort à l'inverse symétrique de l'embryologie d'où les rites port-mortem des troisième (refrigerium chez les romains), septième et quarantième jours, ce dernier signifiant la définitive libération de "l'âme" hors de son corps, d'où les signes de deuil (brassard noir ou boutonnière noire) portés pendant quarante jours après le décès jusque dans les années 1960 en France à l'inverse de la localisation de l'âme dans l'embryon au quarantième jour après la fécondation reprise, en autre, par saint Thomas d'Aquin ... <br /> Les lieux de cultes se succèdent aux mêmes emplacements et la racine "JUL" peut aussi être latine en référence à Jupiter. Les localités ou toponymes en Joux en sont des témoins, possibles recouvrements d'un lieu dédié à une divinité celte.<br /> La dernière branche des rois "Très chrétiens" de France, les Bourbons, ne portent-elle pas le patronyme d'un dieu celte, Borvo? ....
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C
Bonjour, <br /> Tout d'abord merci beaucoup pour avoir regardé avec attention mon petit reportage. Merci pour vos apports. Je partage avec vous qu'il ne faut jamais oublier le passé antérieur au christianisme des lieux et des gens qui ont vécut là où nous nous trouvons bien avant nous. C'est pourquoi j'essaie d'appréhender les gens, les lieux et leurs histoires avec le plus de respect possible. Dans l'espoir que nos prochaines vidéos et reportages vous plairont tout autant. A très bientôt j'espère Christian
O
Merci pour ces belles vues accompagnées de commentaires très simples et respectueux des lieux. Sainte-Juliane comme Ruffis méritent tellement d'attentions... <br /> Olivier Cébe.
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C
Merci beaucoup pour vos belles éloges. Mes intentions sont de proposer des lieux parfois méconnus à la découverte, de partager un maximum surtout sans faire de longues théories afin d’intéresser le plus de monde possible, enfin rien de ne fait pour moi sans le respect du lieu et de son histoire. Pour les belles vues, j'ai la chance d'être accompagné pour chaque reportages de Justin qui sait capter les lumières, l'essence des lieux et votre humble serviteur. Merci beaucoup pour suivre nos aventures.Je suis flatté que vous les appréciez.
G
Merci Christian pour vos recherches et reportages si passionnants. Je vous encourage vivement à continuer de partager vos découvertes et votre savoir admirable. Amicalement. Nicole
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C
Merci beaucoup chère Nicole. Vos encouragements me vont droit au cœur. Je suis tellement heureux de partager mon plaisir de faire découvrir ce que j'aime via mes petits reportages.C'est également un vieux rêve, celui de faire sans prétention un peu de journalisme, que je suis en train de réaliser.
G
Reportage très intéressant et bien fait. C’est toujours avec plaisir que nous suivons ces volets d’histoire de notre département d’adoption ❤️ Merci et bravo!
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C
Merci beaucoup, c’est vraiment très gentil, et cela m’encourage à persévérer