Le château-fort de Mauriac, maison du peintre Bistes

A la fois splendide, mystérieux, attirant, le château-fort de Mauriac domine le vignoble de Gaillac et la vallée du Tarn depuis des siècles. C'est là que j'ai décidé de vous emmener pour une visite inédite guidée par le maître et seigneur des lieux, Bernard Bistes.

Cela fait plus de vingt-cinq ans que je connais Bernard Bistes et sa magnifique demeure, le château-fort de Mauriac.

A la fois fantasque et peintre de génie, Bernard Bistes s'évertue depuis plus de 60 ans, non plus de restaurer mais de bâtir le château de Mauriac. 

C'était une ruine lorsque son père le lui a offert. Son épouse en avait été très effrayée. Et au vu des photos de l'époque, je la comprend !! 

Patiemment, avec beaucoup de goût, Bernard et toute sa famille ont redonné un magnifique lustre à ce château qui fut fort riche au 16^ème siècle.

J'avais vraiment envie de vous le faire visiter !

C'est grâce à sa peinture que Bernard Bistes peut restaurer son château. A chaque vente, il investi dans des travaux parfois pharaoniques comme la reconstruction du chemin de ronde détruit sous le Cardinal de Richelieu au 17^ème siècle.

Pour parler de sa peinture, moi qui n'y connait tout compte fait pas grand chose, je me dit que Bistes a été inspiré par de nombreux grands noms: Matisse, le Douanier Rousseau, Le Caravage, Georges de La Tour, Toulouse-Lautrec que son grand oncle aurait connu et aurait lui aussi succombé de la syphilis contracté avec la même prostituée qui avait contaminé Lautrec.

Un des âges d'or de ce château est durant la période de la Renaissance, Marie d'Apajon, Dame maîtresse et légitime administratrice, amasse une certaine fortune grâce au négoce du Pastel. Bertrand de Rabastens, vicomte de Paulin modifie et agrandit le château. Converti au protestantisme, il combat son voisin et rival Hugues de Toulouse-Lautrec, qui possède le château de Salettes juché sur la colline faisant face à Mauriac. Bertrand de Rabastens fait assassiner Hugues de Toulouse-Lautrec. Le dernier vicomte de Paulin sera à son tour assassiné en 1616 pour venger la mort du seigneur catholique. 

Pour ne parler que de belles choses, un des vestiges surprenant et plutôt rare de cette époque, est la représentation sculptée sur le linteau de la superbe cheminée de Marie d'Arpajon tenant dans sa main un cocagne de pastel. 

Je n'en connais pas d'autre.

Partout, dans toutes les pièces, le château sert de superbe écrin et de galerie d'art pour les toiles du peintre. Les visiteurs peuvent ainsi au fur et à mesure de la visite découvrir les diverses et très différents tableaux, tous en vente.

A la lumière sublime du soleil couchant qui perce entre les nuages, Bernard accompagné de son petit-fils nous ouvre les portes du grand salon.

Que c'est beau !! 

Entièrement meublée dans le plus pur style classique, cette pièce d'apparat n'a rien à envier aux châteaux princiers que j'ai pu visiter !!

Les plafonds peints sont magnifiques, les murs tapissés de toiles tendues peintes en trompe l’œil, les tableaux, les consoles sur lesquelles trônent de superbes bouquets de fleurs séchées typiques des décorations du début du 18^ème siècle... j'adore !!

Les pièces qui sont sublimes également, ce sont les chambres à coucher. Toutes sont très différentes mais toutes reflètent le goût très sûr en matière de décoration du maître des lieux.

Ce qui est génial, c'est que désormais, le château est aussi une chambre d'hôtes, et qu'on peut donc venir y passer une ou plusieurs nuits !!

Le dernier grand projet du peintre, c'est la reconstruction du chemin de ronde démantelé sous Richelieu. Toute une galerie avec de superbes caissons peints est déjà en place.

Dans ces caissons, Bernard Bistes a représenté toutes les personnes qui l'ont aidé.

On y trouve, des maçons, une couturière, un charpentier, un couvreur... et sa famille !

Pour terminer la visite, Bernard Bistes nous invite dans son atelier, au sommet du château pour nous montrer la grande maquette qu'il vient d’actualiser. 

Il vient en effet de matérialiser son futur projet inspiré d'un château voisin, en couronnant celle-ci par un petit pavillon et d'un balcon surplombant l'édifice qui offrirait une vue imprenable et panoramique sur la plaine du Tarn, de Gaillac jusqu'à la cité d'Albi d'un côté et la forêt de Grésigne et la bastide de Castelnau de Montmiral de l'autre. 

Dès qu'il aura vendu assez de tableaux, les travaux se poursuivront et les visiteurs pourront profiter de cette vue. 

Perso, je souffre de plus en plus de vertige, j'ai déjà beaucoup de mal à marcher au dessus du vide sur son chemin de ronde, alors, pavoiser au sommet du château... 

Mais son projet est beau de par son ambition, de part le rêve d'un homme, celui d'un petit garçon qu'un commerçant d'Albi, ami de la famille, amenait voir le musée d'Albi pour l'éveiller à l'Art.

Votre rêve s'est accomplit Monsieur et le petit-garçon, aujourd'hui grand-père, poursuit son rêve des étoiles plein les yeux.

Il fait à son tour découvrir l'Art aux visiteurs qui viennent frapper à sa porte et qui à leurs tours s'en repartent songeurs, gagnés par de belles visions de tableaux, de pièces d'apparat, de chambres à coucher, sur lesquelles la nature qui entoure le châteaux vient ajouter de ses charmes avec ses airs de Toscanes. Et au soleil couchant sur Mauriac, moi aussi je me mets à rêver...